La décision d’Eurostar d’acquérir une dizaine de rames TGV auprès de l’allemand Siemens, aux dépens de son concurrent français Alstom et au mépris de prescriptions de sécurité très strictes, a été hier dénoncée par le gouvernement.
Mais pourquoi Eurostar a-t-il pu prendre cette décision, Eurostar qui est une filiale à 55% de la SNCF, elle-même, établissement public industriel et commercial, placé dans le giron direct de l’Etat ?
Comment l’Etat peut-il accepter, après les milliards d’euros dépensés par les contribuables français pour le réseau TGV et pour combler les déficits abyssaux du tunnel sous la Manche, sans lequel Eurostar ne pourrait pas exister, que ce dernier achète Siemens ?
L’argent du contribuable français pour créer de l’emploi en Allemagne et du chômage en France !
Et que le gouvernement ne dise pas qu’il n’y peut rien : le Président de la République n’a-t-il pas réclamé (et obtenu) l’indemnisation immédiate de clients victimes d’une panne à l’hiver dernier !
Cafouillage (malheureux) du ministère des Transports ou trouble jeu gouvernemental ?
Car, que penser des assurances informelles données par l’Etat, il y a quelques mois, sur la recevabilité technique des rames Siemens, sur lesquelles Eurostar fonde aujourd’hui sa décision. Il y a manifestement là-dessous les conséquences très directes des négociations de marchands de tapis auxquelles se livre le gouvernement dans les arcanes bruxelloises, avec trop souvent à la clé le fameux double langage (« oui » à Bruxelles, « non » à Paris), qui empoisonne la démocratie française et jette de lourdes incertitudes sur l’avenir de notre puissance économique.
Que le gouvernement s’explique donc et que le parlement joue tout son rôle en l’auditionnant dans le cadre de ses commissions spécialisées.
NDA